Je sais ce que je dois à mes clients. Je leurs dois de faire un métier poétique et magique. Je leurs dois un petit mot sur la confection de ces objets qui ne sont que du rêve, mais que j'aime.
Tout commence par une promenade dans nos belles forêts des pyrénées. Le silence. Les animaux s'agitent autour. Le vent ramène tous les parfums, qui se mêlent autour. Le choix de l'arbre est important. Quand vous passez à côté, il vous appelle. Le choix de la branche à cueillir est délicat, il ne faut pas abîmer l'arbre. Quand la branche devient évidence, je touche l'arbre, sens son écorce, sa vibration. Puis, je coupe, en un ou deux coups. Ce doit être rapide. Par respect pour l'arbre. Par respect pour le silence.
L'opération se reproduit autant de fois qu'il le faut. On ressent lorsque c'est assez. De retour chez moi, je taille chaque branche à la longueur qui lui convient. Puis, je laisse sécher. Le buis ou le houx ne doivent pas trop sécher avant la taille, car je manquerais de force pour les façonner, tant ils sont souples mais d'une incroyable densité. Ensuite, je dégrossis et affine la baguette. Je ma taille au plus près. Je la ponce une première fois. Je laisse reposer deux à trois jours.
Je reprends la baguette en main. Elle me dit si elle préfère la main droite ou la gauche. Je l'écoute. Elle me dit la sculpture et les tatouages qui lui plairaient. J'écoute encore. Couteau, ciseau, et finalement "dremel" pour graver, tatouer.
Enfin, je ponce une seconde fois, pour lisser, la faire belle. Puis, je fais une finition au pinceau en appliquant du brou de noix plus ou moins dilué. Parfois, il faut jusqu'à trois couches. Après séchage, je polis au feutre, jusqu'à obtenir cet aspect lustré et vieilli, légèrement satiné.
Voilà. Je ne fais aucune différence entre mes baguettes. Elles sont toutes uniques, et s'adressent toutes à quelqu'un. À cause de cette joie identique, j'ai choisi de leur donner un prix identique.